Université de Liège
Département de Langues et Littératures romanes
Littérature française des XIXe et XXe siècles 

Parentés. Raymond Queneau
et l’esprit de famille

Colloque international
29-30 novembre et 1er décembre 2012

Université de Liège
Salle des Professeurs - place du 20 août 7 – 4000 Liège



Dans la première partie de son récit autobiographique Chêne et chien, Raymond Queneau brosse un réjouissant tableau de famille  avec sa mère, son père, sa grand-mère, son cousin… Il y évoque ses sentiments et ses comportements d’enfant, et d’enfant unique, « exemple du déclin de la France ». En fait, tout au long de son œuvre, Queneau ne cesse de parler de la famille, de mettre en scène les rapports entre les parents, entre les parents et leur progéniture, entre les frères et sœurs. Il situe ces familles dans tous les milieux sociaux, de l’aristocratie ou de la haute bourgeoisie aux milieux les plus populaires. Il peint aussi bien l’affection que les tensions au sein de la famille, entre mère et fils, entre père et fils ou fille : des tensions qui peuvent prendre des formes violentes, voire meurtrières. Queneau évoque également, et au-delà du noyau familial le plus étroit, les rapports le plus souvent difficiles et conflictuels entre tous les membres du clan : les oncles et tantes, les cousins, etc. Plusieurs romans sont strictement et explicitement des « histoires de famille » à l’image des aventures et mésaventures des Kougard/Nabonide ou des Limon. D’autres se bornent à suggérer cette dimension familiale (alors que les avant-textes ne manquaient pas de l’exploiter) et certains récits soulignent l’absence de ces liens, notamment avec le personnage de l’orphelin. La vie de famille  a ses moments forts (le mariage ou les décès par exemple), ses codes et ses rites (les repas), ses rancœurs et ses jalousies cachées, ses crises (les déchirements du couple, les querelles au moment de l’héritage), ses secrets.

Le thème de la parenté dans l’œuvre quenienne ne se réduit pas aux relations familiales, malgré l’exceptionnelle richesse de ce domaine. Il concerne également les filiations et héritages intellectuels ou textuels. Quelle parenté (et à quel degré) Queneau entretient-il avec les autres écrivains, avec les autres artistes, avec les autres penseurs ? À quelle(s) « famille(s) » pourrait-on le rattacher ? Quels seraient, dans les différentes disciplines qu’il a pu traverser et explorer (philosophiques, littéraires, scientifiques), ses « parents » comme ses descendants ?

À quelle famille de pensée se rattacherait-il ? En a-t-il jamais adopté une ? Cette notion même a-t-elle un sens pour lui ? S’est-il comporté sur le plan intellectuel comme un enfant sage ou plutôt comme un « fils indigne », un enfant prodigue ? N’a-t-il pas rompu brutalement avec sa première famille intellectuelle, le surréalisme et avec le « père » André Breton ? Ne serait-il pas, lui qui a refusé les rattachements partisans comme les systèmes rigides et sclérosants, une sorte d’orphelin de la pensée ? N’a-t-il pas néanmoins reconnu qu’il avait, sinon des maîtres, du moins de grandes figures de référence dans le domaine philosophique comme dans le domaine littéraire ? Alors, Queneau « enfant » (plus ou moins respectueux) de Leibniz, de Descartes, de Hegel, de… ; « frère » de Guénon peut-être, ou de… Mais aussi Queneau, enfant de Boileau, des classiques, de Flaubert, de Joyce, de…

Et Queneau père de… Qu’on le qualifie ou non, en raison de la spécificité de sa démarche intellectuelle et de son écriture, d’orphelin de la pensée et des lettres, cet écrivain peut s’enorgueillir d’une très riche descendance. La paternité (ou copaternité) de l’OuLiPo ne saurait lui-être contestée et les oulipiens actuels ne cherchent pas à renier cette ascendance, même s’ils le reconnaissent surtout aujourd’hui comme une sorte de grand-père. Au-delà de la littérature potentielle, nombreux sont les romanciers qui admettent une certaine parenté avec le « père de Zazie » et concèdent plus ou moins directement pouvoir être des « enfants de Queneau ».

Les communications lors du colloque de Liège « Parentés. Queneau et l’esprit de famille » pourront donc porter sur les deux aspects évoqués ci-dessus. S’ils choisissent de se pencher sur la famille au sens premier, les intervenants pourront adopter des perspectives biographiques, psychologiques, psychanalytiques, thématiques, sociologiques, anthropologiques, etc. Ils analyseront les différentes composantes de l’univers familial et s’interrogeront sur les différentes valeurs que prend la famille dans l’œuvre quenienne. Les intervenants pourront également s’intéresser aux relations de proximité intellectuelle de Queneau avec les philosophes et les écrivains dont il a parfois reconnu être une sorte d’« héritier » comme s’intéresser à ceux qui admettent avoir écrit dans sa « lignée ». Toutes les « parentés » textuelles, celles déjà connues (mais qui bénéficieraient d’un éclairage différent) comme les parentés nouvelles ou insoupçonnées, seront les bienvenues.

 

Jeudi 29 novembre

APRÈS-MIDI
Sous la présidence de Daniel Delbreil

 14h30 – 15h00      
Ouverture par Jean-Pierre Bertrand (Liège) : « Un génogramme poétique : une lecture de Chêne et Chien »

et Daniel Delbreil (Paris) : « Qu’est-ce que la parenté ? »

15h00
Jean-Marie Klinkenberg (Liège) : « Queneau, fils de lui-même »

15h30
Liliane Blanchard (Paris) : « Quel(s) père(s), quel(s) rejetons(s) dans l’œuvre de fiction de Queneau ? »

16h00  :  Pause

16h15    
Bertrand Tassou (Paris) : « Queneau père et fils »

16h45    
Bouchta Essette (Meknès) : « Queneau : de la soumission à la révolte »

17h15    
Laurent Demoulin (Liège) : « Processus de génération dans l’infini. La filiation dans Cent mille milliards de poèmes »

18h00
Bricole(s) quenienne(s), montage par le Théâtre Universitaire Royal de Liège

 

Vendredi 30 novembre

MATIN
Sous la présidence de Claude Debon

 9h30
Camille Bloomfield (Paris) : « Bens, Lescure, Queval, Duchateau et les autres : portrait de Queneau en chef de réseau »

10h00    
Paul Fournel (Paris) : « La famille Oulipo »

10h30    
Tonia Raus (Luxembourg) : « La jouissance d'une parenté enfin retrouvée: le roman inépuisable chez Queneau et Perec »

11h00     :  Pause

11h15    
Marie-Claude Cherqui (Paris) : « L’Emploi du temps et après : la cinématographie potentielle aujourd’hui »

11h45    
Hela Ouardi (Tunis) : « Queneau et Leibniz : la parenté élémentaire»

12h30    :  Déjeuner

 

APRÈS-MIDI
Sous la présidence de Jean-Pierre Bertrand

14h30         
Gerhard Dörr (Mayence) : “Don Evané Marquy – fils naturel de Du Bellay ?”

15h00
François Naudin (Paris) : « Max, cousin à la mode de Bretagne »

15h30 :  Pause

15h45    
Kanako Goto (Liège) : « Une parenté inattendue : Queneau et “les recalés de l’écriture” »

16h15    
Jean-Michel Pochet (Bruxelles) : « Queneau et sa famille, les mots chez Robert »

16h45    
Anne-Sophie Bories (Paris) : « Raymond Queneau, l’octosyllabe et la famille »

20h00 : Brouchtoucaille chez Tchantchès et Nanesse

 

Samedi 1er décembre

MATIN
Sous la présidence de Gérald Purnelle

9h30
Astrid Bouygues (Paris) : « Une famille fabuleuse ou le mythe familial broyé par le Minotaure »

10h00    
Élisabeth Chamontin (Paris) : « Le Chiendent : une famille qui cloche »

10h30  :  Pause

10h45    
Christine Méry (Tours) : « En compagnie des animaux »

11h15    
Pascal Herlem (Annecy) : « Les chiens ne font pas des chats»

11h45    
Claude Debon (Paris) : Clôture

 

 

Photos collection Jean-Marie Queneau / Diffusion Gallimard

 

Programme à télécharger (PDF)

Organisation

Université de Liège
Département de Langues et Littératures romanes,
Littérature française des XIXe et XXe siècles

Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3 / CNRS
L’Esprit Nouveau en poésie / Écritures de la modernité (EA 4400 –)

 

Avec le soutien du Fonds National de la Recherche Scientifique (FNRS), du Patrimoine de l’Université de Liège, de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Liège, de la Province de Liège et de l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3 (Conseil Scientifique, Relations Internationales, École Doctorale 120)

 

Informations

Kanako Goto - Kgoto@ulg.ac.be (Université de Liège)
Daniel Delbreil daniel.delbreil@univ-paris3.fr (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3)

Communication : Nadia Ladjimi nadia.ladjimi@univ-paris3.fr

 

Entré libre

Salle des Professeurs de l'Université de Liège (1er étage)
place du 20-Août, 7
4000 Liège

Université de Liège Sorbonne nouvelle Paris 3FNRSCNRSProvince de Liège

 

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